Crise des opioïdes : des solutions pour en venir à bout

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En 2017, les opioïdes ont tué plus de 1400 personnes en Colombie-Britannique. Malgré plusieurs stratégies mises en place par le gouvernement et la communauté, le nombre de surdoses continue d’augmenter. Lors d’une conférence à l’Alliance Française de Vancouver, en mai 2018, Sébastien Payan et Marie Jauffret-Roustide ont dressé un état des lieux.

La crise des opioïdes qui sévit depuis 2016 continue à prendre de l’ampleur. Cette année, le mois de mars a été particulièrement meurtrier avec plus de 150 décès présumés par surdoses. Dans la majorité des cas, c’est du fentanyl de contrebande qui est en cause.

Des solutions d’urgence pour les consommateurs de drogues

Le fentanyl se présente sous diverses formes et est facilement accessible. Peu coûteux, il est souvent utilisé par les trafiquants pour « couper » les autres drogues et ainsi augmenter leurs effets. Or, il s’agit d’un produit très puissant et difficile à doser.

Sébastien Payan, conseiller en soins infirmiers dans l’équipe de prévention et d’intervention spéciale aux surdoses à Vancouver Coastal Health, explique que de nombreuses mesures ont été mises en place pour réduire le nombre de surdoses liées aux opioïdes.

Les centres d’injection supervisée permettent de surveiller l’état des consommateurs et offrent également un service de détection et de dosage de fentanyl. La présence de pairs-aidants favorise également la prise en charge psychologique.

La gratuité des kits de naloxone a permis de sauver de nombreuses vies. Il reste cependant beaucoup de travail à faire pour lutter contre la stigmatisation des toxicomanes, favoriser l’accès à des traitements et faciliter leur réinsertion au sein de la société.

naloxone

Décriminalisation et légalisation pour combattre la crise des opioïdes

Selon certains sociologues, la légalisation de l’usage des drogues est une solution au problème. Marie Jauffret-Roustide, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, en France, explique que cette procédure comporte de nombreux bénéfices d’un point de vue sanitaire.

Cette solution heurte l’opinion publique à bien des égards. Pourtant, la chercheuse précise que la frontière entre les produits autorisés (comme les médicaments prescrits) et ceux qui sont interdits est liée au contexte socio-culturel et non pas à la composition du produit.

En revanche, le statut d’un produit peut augmenter sa dangerosité : s’il est prohibé, les vendeurs et les utilisateurs agissent dans l’ombre. Cela entraîne de la violence criminelle et les personnes souffrants de dépendance ont alors moins tendance à se faire aider.


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En permettant une consommation encadrée par la loi, il est plus facile de faire de l’éducation et de prévenir les usages problématiques. Les produits vendus devraient répondre à des normes de fabrication et être dosés de façon stricte, ce qui réduirait les risques de décès.

Marie Jauffret-Roustide souligne que la légalisation permet de faire des économies sur les procédures judiciaires. Ces fonds peuvent ensuite être réinjectées dans le système de santé public pour mieux gérer les problèmes de dépendance.

Il s’agit alors de diminuer les risques et de freiner la consommation, surtout chez les jeunes ; en effet, les lois mises en place pourraient restreindre les espaces de consommation et punir sévèrement la vente aux mineurs.

Marie Jauffret Roustide, sociologue responsable du programme de recherche " "La réduction des risques : pratiques, savoirs et modèles politiques."
Marie Jauffret-Roustide, sociologue responsable du programme de recherche « La réduction des risques : pratiques, savoirs et modèles politiques. »

Le cannabis à l’aide de la crise des opioïdes

À Vancouver, le centre d’injection supervisée Overdose Prevention Society offre du cannabis (joints, jujubes, gâteaux) pour soulager les personnes qui fréquentent l’établissement. Les chercheurs suivent de très près cette pratique, afin d’en documenter les bienfaits.

Des études approfondies doivent être faites pour démontrer que le cannabis est une solution thérapeutique valable. De plus, ce traitement n’est pas efficace sur tous les patients.


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Dossier santé sur la crise des opioïdes (mise à jour effectuée le 17 mai 2018) :

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